Le dernier passeur du Risoud s’en est allé

Bernard Bouveret est décédé dimanche dernier 7 novembre, à Foncine dans le Jura français. Depuis une dizaine d’années, les efforts de mémoire entrepris autour des passages transfrontaliers à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale lui avaient permis de se faire à nouveau connaître côté suisse. Il avait été élu «Nord vaudois de l’année» par les lecteurs de La Région en 2014.

Bernard Bouveret n’est plus. L’ancien résistant et passeur est décédé à son domicile de Foncine, à l’âge de 96 ans. Ces dernières années, les Combiers avaient pu le croiser chaque début d’été à l’époque de la Rando des passeurs, dont il était en quelque sorte le pivot, en tant que dernier acteur vivant des passages clandestins dans le Risoud.

Une histoire héroïque maintes fois racontée

En 2008, c’était l’hôtelier Alain Nicod, de Chaux-Neuve, qui conviait Bernard Bouveret à raconter son his- toire à ses hôtes. L’occupation allemande du côté de Mouthe et de Chapelle-des-Bois. La constitution de réseaux de résistance. L’amitié avec Fred Reymond, dont il devient le bras droit. Puis les passages, avec plus d’une centaine de fugitifs amenés en sécurité en Suisse. Enfin, l’enfer du camp de Dachau, pendant une année, jusqu’à sa libération. Les gens raffolent de cette histoire et l’association le Mur aux fleurs de lys est née.

Sa plus grande manifestation annuelle, la Rando des passeurs, à cheval entre France et Suisse, rassemblait encore 775 personnes en 2019.

Littérature

Les divers engagements de Bernard Bouveret lui ont valu, entre autres, la médaille de la France Libre en 2013 et la médaille d’or du Comité départemental de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif en 2017.

En 2010, une biographie signée Gisèle Tuaillon-Nass est parue sous le titre «Le rendez-vous des sages», du nom d’une cabane forestière où il faisait halte avec des protégés, côté suisse avant de repartir chez lui à Chapelle- des-Bois. D’autres livres consacrés aux passeurs du Risoud et parus entre 2003 et 2011 ont aussi relevé sa figure et son œuvre.

Apport à l’amitié transfrontalière

A 95 ans, Bernard Bouveret marchait toujours dans sa chère forêt. Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité mardi dernier. Une gerbe a été offerte au nom de «tous ses amis suisses». Avec Bernard Bouveret s’en va le dernier des fameux passeurs du Risoud et une mémoire vivante d’une époque que l’on n’est pas prêt d’oublier. Ses efforts de jadis et de ces dernières années ont porté leurs fruits.