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« Il ne faudrait pas que ça dure ! »

Chorale de L’Orient

Nous voulions donner la parole, en ces temps où nombre de sociétés locales sont à l’arrêt, à une chorale. Le contexte particulier du chant choral en fait un maillon faible de la nouvelle réalité sanitaire.

La Chorale de L’Orient a été la dernière à pouvoir organiser sa soirée annuelle, les 8 et 9 mars 2020, avant que ne tombe le couperet, le fameux Vendredi noir du 13 mars dernier. Un de ses membres a succombé ce printemps. Depuis pour cette chorale, comme pour les autres, c’est l’attente de jours meilleurs. Certes, les sociétaires ont pu reprendre à la rentrée d’août, mais le coeur n’y était pas vraiment. «Nous avions sondé nos membres pour voir s’ils étaient prêts à reprendre et certains ont préféré rester à la maison. Il n’aurait pas fallu qu’ils attrapent le virus à la chorale, les patrons leur en auraient tenu rigueur. Résultat, par registre («voix» ndlr) de quinze chanteurs, nous n’étions plus qu’une demidouzaine. De toute façon, notre salle à l’Hôtel de la Poste aurait été trop petite pour qu’on s’y tienne tous avec les distances de sécurité», explique Eric Rochat.

Difficilement compatible

De fait, il a fallu alterner avec deux voix une semaine, deux voix la suivante afin de respecter les restrictions et chanter à distance les uns des autres. «Chanter dans un masque, chanter dans son coin, ce n’est plus la même chose. Au-delà de l’acoustique, nos membres aiment aussi bien entendre leurs voisins de registre à l’heure de déchiffrer les partitions.» De toute façon, cette reprise a été de courte durée. Aujourd’hui, comme dans le sport, les amateurs n’ont plusl’autorisation de pratiquer collectivement; seuls les professionnels, dont c’est le gagne-pain, peuvent exercer.

Une pétition nationale

Une pétition baptisée «Je chante donc je suis» a été lancée il y a trois semaines pour demander une levée de l’interdiction pour les sociétés de chant. Ses initiateurs, parmi eux l’Association vaudoise des directeurs de choeurs, arguent que le chant a une influence positive sur la vie sociale et la santé, surtout en temps de crise. Et de citer l’OMS, qui a reconnu elle-même que les conséquences psychologiques de la pandémie ne devraient pas être sous-estimées lors de la définition des mesures de protection. «C’est vrai qu’il y a aussi tout un côté social à notre activité, qui est le noyau de la société. L’après-répétition, les échanges et le verre de l’amitié, cela manque aussi», commente Eric Rochat.

Crainte de décrochages

La même envie d’un retour à la normale s’exprime chez les choristes de L’Orient que dans toutes les sociétés, avec une crainte supplémentaire toutefois: si les restrictions perdurent, il sera plus compliqué qu’ailleurs de relancer la machine, typiquement, des clubs de sport qui comptent un mouvement de jeunesse. L’arrêt des activités, s’il se prolonge, pourrait simplement amener des membres âgés, qui songeaient peut-être à tirer leur révérence, à passer à l’acte. C’est en tout cas la crainte d’Eric Rochat. En 2021, la Chorale de L’Orient fêtera ses 140 ans d’existence. La tradition de ses soirées annuelles de début mars ne pourra être respectée quoi qu’il arrive; c’est le temps pour s’y préparer, même avec des ambitions à la baisse, qui manquera. Le concert prévu au début juin dernier sera décalé d’une année, avec un nouveau programme le 6 juin 2021 «Au nom de toutes les sociétés de chant du canton, nous espérons pouvoir reprendre en 2021. Car tant qu’on a ces distances, on sera un peu bloqués», conclut Eric Rochat.