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Ski nordique : une saison d’ores et déjà exceptionnelle

Faire cohabiter les publics

L’afflux de piétons sur les pistes de fond damées et de touristes découvrant la région des Amburnex aura marqué ce début d’hiver. Au niveau du ski de piste, les Combiers ont pu voir des files comme au temps de leur jeunesse, avec un résultat financier fort appréciable mais un coup d’arrêt brutal dès la fin janvier.

Le Centre Nordique se retrouvait la semaine dernière pour un bilan de mi-saison. La principale association de ski de fond de la région –responsable des sites des Amburnex et des Grandes Roches– résume les choses ainsi, par la voix de sa présidente Florence Golay: une saison exceptionnelle dans tous les sens.

Faire cohabiter les publics

Premièrement, l’afflux de personnes dès le 4 décembre sous le col du Marchairuz et parmi eux, nombre de personnes qui découvraient et le site et le ski pour la première fois. Florence Golay se souvient: «C’était énorme et assez fluide, en même temps, avec un nouveau venu toutes les deux ou trois minutes au départ des pistes. On a été submergés.» Parmi ces nouveaux venus, un nombre surprenant de marcheurs non équipés pour la neige, accompagnés ou non d’un chien et des gens en raquettes. Pas facile de faire cohabiter tous ces publics. Des itinéraires dédiés ont ainsi été tracés.

Allez expliquer à telle personne inexpérimentée que marcher sur une piste de skating va laisser des trous qui gêneront les skieurs ayant payé leur vignette et plus encore ceux –il y en a plus d’un– qui aiment faire un tour la nuit tombée, à la lampe frontale. Allez expliquer la même chose à des Combiers qui viennent se balader aux Amburnex depuis toujours et ne voient pas pourquoi ils devraient le faire hors de la piste de fond?

Le sécurité, un réel enjeu

Voilà la moyenne montagne à l’heure du Covid: des habitants privés de sports collectifs et de rassemblements festifs, «se vengeant» sur les loisirs d’hiver au grand air, mais d’autant plus prompts aux incivilités à cause de nerfs à fleur de peau. De fait, les bénévoles du Centre Nordique, gardiens des pistes, ont fait passablement de police, en plus du rappel des règles sanitaires sur les zones de départ et d’arrivée avant les parkings. Pour illustrer encore, cette saison exceptionnelle Florence Golay cite l’hélicoptère qui a dû intervenir au crépuscule pour une marcheuse affolée, à cinq kilomètres du parking, sans lampe frontale. «C’est du jamais vu depuis vingt ans qu’on est ici! Il nous arrive des choses exceptionnelles.»

Faire découvrir les Grandes Roches

Deuxième site sous la responsabilité du Centre Nordique, désormais olympique (de la jeunesse): les Grandes Roches. Celui-ci n’a pas été ouvert (c’est-à-dire damé) à la première neige, mais le 15 décembre, provoquant l’incompréhension de certains usagers. «L’utilisation des sites fait l’objet d’une convention avec les chasseurs et les débardeurs. Aux Grandes Roches, nous devons donner la priorité au bois, s’il est encore en forêt, jusqu’au 15 décembre; ce fut le cas cette saison», explique Florence Golay. La présidente, tout juste quinquagénaire, aimerait le faire découvrir davantage. Terrain un peu réservé des connaisseurs locaux, ce site au grand potentiel devrait pouvoir attirer des fondeurs de plaine. «Nous voulions mettre à disposition un vestiaire et des douches aux Grandes Roches, mais cela faisait trop avec les restrictions sanitaires. Ce sera pour l’année prochaine!» complète Florence Golay.

Une saison exceptionnelle, sauf financièrement

Ces deux premiers mois hivernaux auront été sources d’inattendu et
d’anecdotes; en revanche, le caractère exceptionnel de cette saison ne s’est pas traduit financièrement. Comment cela se fait-il, quand on sait à quel point le site a été pris d’assaut? «Il y a d’autres paramètres, liés à la météo», prévient Florence Golay. Et de citer l’ouverture plutôt tardive du site des Amburnex, le 4 décembre et ce, en même temps que d’autres sites également enneigés qui ont attiré la clientèle; la fermeture à Noël, faute de neige et ensuite, plusieurs week-ends de mauvais temps.

N’empêche, deux mois d’utilisation ont déjà permis d’atteindre la cible de huitante mille francs de vignettes de ski vendues, équivalant à ce qu’on appelle «une bonne saison». Florence Golay précise: «On a dû réparer l’une de nos dameuses; la facture avoisinait les 40% de notre chiffre d’affaires.» Une démarche d’abord éducative Florence Golay, qui préside depuis six ans le Centre Nordique, préfère retenir l’émerveillement des touristes. «Il faut capitaliser sur cet engouement au niveau touristique et espérer que ceux qui ont pris une vignette de ski de fond à la journée reviendront l’an prochain et prendront la vignette saisonnière.

Quant à ceux qui peinaient à respecter les règles, je ne pense pas qu’ils aient agi par manque de respect mais par ignorance. Nous-mêmes, nous sommes plutôt dans une démarche d’éducation.» La présidente du Centre Nordique travaille actuellement sur un panneau explicatif à apposer à l’entrée des pistes qui donnerait une série de recommandations: «Couvrez-vous, ne vous aventurez pas n’importe, prenez de l’eau en réserve».

Et le ski alpin?

Autre sport, autres paramètres: Les téléskis combiers ont bien connu un mois de janvier fantastique, dont l’image de ces files de skieurs s’étalant sur des dizaines et des dizaines de mètres restera aux Combiers qui revoyaient, non sans émotion, des souvenirs de jeunesse. A ce titre, les quelques complications liées au Covid et les interventions de préposés au rappel des règles sanitaires dans les files et sur les parkings –dont la PC à L’Abbaye– auront été vécues comme une normalité. Le premier confinement est déjà loin! En revanche, tant sur le plan des conditions que des retombées financières, ski de fond et ski de piste n’ont pas été des égaux.

Premièrement, il a fallu attendre le début janvier pour qu’ouvrent les téléskis, avec un mois de retard sur les pistes de fond. Et après vingt-neuf jours d’exploitation, le couperet de la pluie est tombé. Même avec une neige salie et durcie, les fondeurs ont pu remettre leurs lattes ces derniers jours. Pas les descendeurs.

Quatre fois meilleure financièrement

Financièrement, l’opération aura de toute façon été remarquable, en particulier pour le téléski de L’Abbaye. Celui-ci a d’ores et déjà réalisé un chiffre d’affaires deux fois plus important que celui de la dernière saison où les pistes avaient ouvert, 2018-2019 et ce, alors que cette dernière avait enregistré quarante-deux jours d’exploitation. L’affluence inhabituelle de ce début d’année 2021 est due à des skieurs de plaine et c’est là un «effet Covid». Cédric Paillard, de Vallée de Joux Tourisme, a observé une nouvelle clientèle: «Beaucoup de personnes se sont remises au ski, les habitants de l’arc lémanique notamment ont pris conscience que la Vallée de Joux n’était pas si loin, finalement et que nos cols étaient roulants, comparés à l’autoroute A9 en direction du Valais et ses bouchons de fin de week-end.» Pour Cédric Paillard, le Magic Pass, ce forfait qui propose plus de trente stations de ski en illimité et que La Vallée a intégré il y a trois ans, a joué ici un rôle également non négligeable.

Et la suite?

Le téléski de L’Abbaye a canonné pour ouvrir son remonte-pente pour débutants en cette semaine de vacances genevoises. Celui des Esserts, à L’Orient, a aussi produit de la neige artificielle. Mais, avec les relâches qui commencent dans deux jours, les pistes ne semblent pas en mesure de rouvrir. «Cela aura été un mois de janvier exceptionnel pour le ski de piste, malheureusement, qui n’a pas pu perdurer début février», analyse Cédric Paillard. «Mais sait-on jamais… On s’est habitués à vivre cette alternance neige-pluie depuis quelques années. C’est aussi la force des petites stations comme les nôtres de pouvoir redémarrer très vite quand les conditions le permettent.»

Deux fois plus que les autres réunis

Avec ses cent vingt kilomètres de pistes damées en double (pour style libre et style classique) et ses bûcherons communaux qui, l’hiver venu, travaillent au volant d’un ratrak, le Centre Nordique gère une distance qui équivaut presque au double des autres domaines de ski de fond de la région cumulée, à savoir Les Bioux, le secteur de la douane des Charbonnières et celui du Mollendruz. Participent à ses rencontres telles que le bilan de mi-saison, mardi 9 février dernier: le responsable de la quinzaine de bénévoles qui vendent des vignettes, un municipal et des représentants des villages ainsi que les techniciens des pistes. «Nous manquons de bénévoles pour pouvoir garantir, comme nous le faisons actuellement, une permanence tous les jours d’ouverture sur le site des Amburnex», signale Florence Golay.