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Des élèves combiers ont brillé en futurs avocats

C’est la troisième année consécutive qu’avait lieu ce concours interscolaire et la première année que des équipes combières participaient, toutes issues de l’école privée Chrysalide. « Le procès de la tech’ » y a été proposé comme cours facultatif. Et pour la première année, le concours s’est ouvert aux gymnasiens.

La finale du concours de plaidoirie et d’éloquence « Le procès de la tech’ », samedi dernier, a été le point culminant de trois mois d’efforts, de préparation et de qualifications pour deux jeunes duos. L’un des deux a même manqué pour un cheveu la plus haute marche du podium.

À la base, il y a l’idée de Leïla Delarive de permettre à des élèves de huit à seize ans d’appréhender les grands enjeux de la numérisation à travers une approche originale: celle du procès. Avec l’Empowerment Foundation, qu’elle préside, cette avocate et entrepreneur férue de tech organise une salle d’audience et de vraies-fausses plaidoiries prononcées par les participants, devant un jury de professionnels aussi bienveillants que sérieux – sur la mode de Top Chef juniors, mais dans le monde de la justice. Tout est réel dans cette aventure de trois mois: le cas soumis aux élèves et qu’ils vont plaider, l’encadrement professionnel… si ce n’est que le verdict vient, non pas condamner ou innocenter un accusé, mais bien récompenser le duo d’élèves le plus méritant.

Trois mois d’efforts

En février, se souvient Myriam Kormann, responsable pédagogique du primaire à l’école privée Chrysalide, les quatre élèves qui se sont inscrits ont commencé par découvrir le cas.

Lors de la première édition, il s’agissait de déterminer les responsabilités dans un scénario de robot meurtrier; cette année, d’une affaire d’usurpation d’identité : une entreprise IT avait « omis » d’effacer les données de ses clients, comme le prescrit la loi et suite à un problème informatique, ces données, y compris des mots de passe, avaient fuité en ligne où des pirates avaient pu s’en emparer et les utiliser à leur propre compte. Du vraisemblable et de l’actuel!

Premier obstacle pour les élèves: comprendre les termes («c’est quoi, une usurpation?», «c’est quoi, le droit à l’oubli?») puis les enjeux, soit les risques de l’identité numérique, comme quand on perdait son trousseau de clés au supermarché.

Plaignants ou défenseurs ?

Deuxième étape, toujours à raison d’un midi par semaine, hors temps scolaire, donc: se familiariser avec la plaidoirie. Comment elle se construit et comment elle se prononce, c’est l’art de l’éloquence. La fondation Empowerment a alors mis à disposition des élèves deux expertes, lesquelles leur ont donné un cours de base sur la cyber sécurité.

Puis les quatre équipes combières se sont vu attribuer leur rôle: partie civile (plaignant) ou défense (de la société IT mise en cause). À ce stade, les participants se sont vu assigner un coach, auquel les élèves ont dû envoyer le texte de leur plaidoirie pour évaluation et commentaires. « Au début, les élèves étaient impressionnés – pensez, des avocats ! Mais ceux-ci ont été incroyables de disponibilité pour des élèves aussi jeunes et un exercice aussi ludique », s’enthousiasme Myriam Kormann.

Coup de cœur du jury pour deux filles

Les demi-finales ont eu lieu à Lausanne au début mai. Huit équipes, de tout le canton, se sont présentées devant la présidente du tribunal et ont plaidé, en duo, pendant dix minutes. Le petit jury de trois personnes a éliminé la moitié des candidats.

Sur les quatre équipes restantes, la moitié était combière – et représentait les plus jeunes de ces avocats en herbe. Puis samedi dernier, les finales ont eu lieu au gymnase de Renens, que les Combiers connaissent bien. Des micros, une caméra, une magistrate en chair et en os pour présider le jury: tout était fait pour tester les nerfs des élèves.

Si, au final, l’équipe combière constituée de Mia et de Salomé a été battue, les deux filles ont épaté le jury. Ce dernier a relevé l’aplomb des filles, notamment la seconde qui est sortie de son script pour improviser une réponse à la présidente.

De vraies compétences acquises

Que reste-t-il de cette aventure à vocation pédagogique? Myriam Kormann: «En trois mois, nos élèves se sont familiarisés avec les enjeux d’internet. L’une d’elles a déclaré qu’elle ne mettrait plus rien de personnel en ligne. Mais leur apprentissage principal, c’est l’assurance qu’ils ont gagnée en eux, d’être allé au bout et d’avoir appréhendé le stress: comment je le perçois dans ma tête, dans mon corps, comment il m’affecte et comment je le gère. L’une des élèves nous a déclaré : “ Dans le groupe d’enfants dont je fais partie, je me sens maintenant cap’ de parler en public ”. Au fond, c’est un bout de découverte de soi ! » Vu l’engouement, probablement que l’aventure sera reconduite.

L’Empowerment Foundation voudrait élargir son audience, vu que les compétences acquises au travers de cette aventure sont réelles. Mais cela ne va pas de soi. Il faut, d’une part, être ouvert à des approches pédagogique novatrices et sur le plan organisationnel, de la souplesse et un engagement extrascolaire des enseignants. « Tout cela favorise évidemment les écoles privées, du moins pour l’instant », constate Myriam Kormann.

Mia raconte

J’ai appris autant sur la tech’ que sur le métier d’avocat: les enjeux de la technologie – qu’il faut faire très attention sur les écrans et les réseaux, plus tout ce qui est de la justice, du procès, du droit. Comment capter l’attention du public, qu’il faut aussi se préparer, s’échauffer, répéter pendant des mois, même si tout se joue sur dix minutes. Mon meilleur souvenir ? D’avoir parlé devant de vrais juges, avec le soutien des gens de La Vallée et avoir terminé deuxième du canton alors que j’étais la plus jeune, avec mon associée « Maître Salomé ». Un des jurés nous a dit qu’il craignait de se retrouver face à l’une de nous en vrai, lors d’un futur procès; mais il a dit qu’il serait sans doute à la retraite.